Annuellement, la date du 07 Novembre commémore les écrivains africains. Un hommage aux acteurs littéraires dédié à la reconnaissance et à la promotion de leur contribution à la littérature mondiale. Cette fête encourage également la diversité des expressions culturelles comme vecteur de changement et de favorisation des échanges entre écrivains, éditeurs et lecteurs.
A Bukavu, le métier du livre reste une aventure dans laquelle il ne faut s’investir totalement au regard des défis auxquels sont confrontés les acteurs du livre. Entre pénurie de maisons d’édition et un désintéressement face aux œuvres produites, une stratégie de polyvalence des compétences est recommandée afin d’assurer la survie individuelle et poursuivre la mission de conscientisation à travers la plume.
Une pensée de Gervais Cirha, le président des écrivains du Sud-Kivu qui affirme que : « l’écrivain ne vit pas de sa production littéraire ». Les producteurs des œuvres, pense-t-il, ont comme mission première, le partage d’opinions sur la face que devrait recouvrer l’univers et non la recherche du lucre.
Etant un moyen de conscientisation des masses, « l’écriture est un outil de fermentation de l’opinion » renseigne Gervais Cirha. Conçus par des écrivains, les textes sont « une éclaire communautaire », visant la préservation de nos cultures : « Rares sont les écrivains qui ont vécu de leurs productions. On n’écrit pas pour gagner de l’argent mais garder l’opinion tel que le dit la fonction du poète », ajoutent-il.
L’écriture n’assure pas la survie à Bukavu
Un avis partagé par l’écrivain Faustin Mulirhi, qui s’occupe en premier lieu de « l’essentiel de la vie pour survivre » tout en s’autorisant des temps d’inspirations et de rédaction pour des œuvres futures. La lecture des œuvres littéraires est le premier défi constaté par ce chevronné de la plume. Amer est le regret que la lecture soit une activité accessoire à la population de Bukavu, car explique-t-il : « même ceux qui achètent ne sont pas forcément des lecteurs. Ils sont minoritaires et il manque à la ville des bibliothèques suffisantes pour cette cause ».
Faute d’une structuration formelle de la classe littéraire, la journée de célébration de l’écrivain Africain à Bukavu reste jusqu’à ce jour un non-évènement, vue la quasi-inexistence d’une chaine du livre fonctionnelle.
« Au cours de cette journée, nous nous sentons interpeller en lien avec notre sort d’auteur. Exerçant un métier qui est connu mais très peu reconnu en terme de respect de droit d’auteurs, mais aussi en terme d’encadrement et la chaine du livre qui ne fonctionne pas encore très bien chez nous », s’indigne-t-il.
Instituée entre 1989 et 1992 par l’Association panafricaine des écrivains, la journée de l’écrivain africain reste « méditative » dans le chef des écrivains locaux, affirme Faustin Mulirhi. Cependant un message fort est lancé par Gervais Cirha à l’endroit des opérateurs littéraires : « la persévérance en temps durs afin de conscientiser par la plume dans un univers qui recherche la paix par l’épée ».
Depuis sa création, la journée de l’écrivain Africain est célébrée chaque année d’abord pour offrir une tribune à tous les écrivains africains afin de rechercher et défendre la liberté d’expression. Ensuite, promouvoir l’intégration d’œuvres littéraires africaines dans les programmes scolaires, les langues africaines, la recherche sur l’enregistrement et la restitution du patrimoine africain perdu ou méconnu.
Kathia AMINA